Les soirées se suivent et se ressemblent. Toujours les mêmes filles sur scène, les mêmes shows. Cela ne me gênait pas, cela devenait une routine. Mais, une routine plaisante. Ce soir, aucun mec n’avait tenté quoi que ce soit, tout le monde s’était tenu correctement, chacun se tenant à sa place. Je n’avais rien eu à faire que de régler une dispute entre danseuses, une histoire de mec. L’une ayant couché avec le mec de l’autre. Quelle bande d’idiotes. Pensaient elles sincèrement qu’un mec pourrait leur être fidèle ? Soyons honnête, elles ne sont rien d’autres que des poufiasses, des filles faciles. Les mecs bavent sur elles, couchent avec elles, se lassent d’elles. C’est tout ce qu’elles représentent, des amusements. Alors pourquoi se voler la face ? Elles savent très bien ce qu’elles sont, ce qu’elles valent quand elles jouent les danseuses de cabaret. Les mecs ne les voient pas comme autre chose que de simples bouts de viande. Mais, elles sont trop stupides pour le comprendre. Résultat, c’est à moi de régler leurs petits conflits de crêpage de chignon, comme si j’avais été embauché pour ca. Fut un temps, ce travail m’avait plu, voire des filles se battre, se disputer, casser la gueule de mecs éméchés… C’était quelque chose qui m’avait plu pendant quelques années. Mais, aujourd’hui, cela ne me plaisait plus autant. Peut être était ce le fait d’avoir eu le cœur brisé par l’une de ces pimbèches se croyant trop bien. La nuit était bien avancée et, je commençais a avoir juste envie de fuir, cette même idée qui revenait si souvent ces derniers temps, monter dans ma Mercedes et rouler. Rouler sans réfléchir, jusqu’au bord de l’eau et, une fois là, monter dans le premier ferry qui passerait. Ne pas réfléchir. Ne pas se retourner. Comme je l’avais fait la première fois, en quittant l’Angleterre, ce pays qui me laissait un gout amer dans la bouche. Un pays qui me manquait sans que jamais je ne l’aie connu. Un pays où je ne me rappelle pas avoir été déjà malheureux malgré le manque d’amour d’une mère. Oui, c’était la seule envie que j’avais, fuir. Mais, j’étais trop lâche pour cela. Elle avait raison, je n’ai pas de couilles. Il a raison, je suis un bon à rien.

Tous les clients étaient enfin sortis du cabaret. Je pouvais enfin aller fumer ma clope sans que l’on ne vienne me chercher pour un quelconque problème sans la moindre importance. Je montais alors nonchalamment les escaliers menant sur le toit, le seul endroit où je me sentais vraiment bien, vraiment libre. Je sortis mon paquet de clope de ma veste noire pour enfin débarquer sur les toits de Paris, ville de lumières… Je portais la cigarette à mes lèvres, sortant à présent mon briquet noir et orange de la poche intérieure de ma veste. De mon pouce, je fis rouler la petite roulette et, une flamme s’échappa du petit objet que je portais à mes lèvres pour enfin aspirer une bouffée de fumée. Apaisante. Quand des rires me parvinrent aux oreilles. Je plissais alors les yeux pour voir une forme sombre déambuler sur… sur le rebord du toit. Je crachais la fumée de ma clope pour m’avancer vers l’ombre titubante et reconnaitre miss Shaw. Je tire une autre bouffée de ma cigarette, laissant bientôt la fumée se répandre dans l’obscurité puis je me décidais enfin de faire part de ma présence à la jeune femme « Hey Honey, tu sais que tu n’as pas l’air en forme, tu devrais surement descendre de là, je n’ai pas l’intention d’être celui qui devra annoncer au boss qu’il doit te trouver une remplaçante ! »